Alep est pour celui qui y arrive un jardin d’éden, et pour ceux qui s’en éloignent un feu ardent
Abu L-‘Alâ al-Ma’arri, X-Xième siècle
Alep, Palmyre, Mossoul.
D’abord se déploie la carte, immense, taille humaine, pour situer ces villes dont nous entendons tant parler, en Syrie, en Irak, en Libye, tristement rendues célèbres par les guerres géopolitiques et l’avènement de l’obscurantisme qui en découle. Les situer sur la face du monde et se rendre compte que ce n’est pas si loin. A Paris, il me suffit de tendre le bras et me voici en Orient.
Et soudain le silence. Un silence pieux malgré la foule, un silence lourd de cris étouffés, de ruines éventrées, échos plaintifs de villes millénaires à l’agonie par la folie meurtrière des hommes ; tentant de reprendre vie, pièces d’un puzzle rabiboché, bancal, virtuel, et pourtant là, par le génie de ces mêmes hommes.
Défilent les images reconstituées d’une gloire passée, la mosquée Al Nouri à Mossoul, le palais assyrien de Ninive (vieux de 2600 ans), ou le théâtre romain de Leptis Megna en Libye. Et comme un poignard dans le cœur, s’y superposent ensuite les débris de ce qui, une seconde avant, s’élevait avec fierté.
Une seconde. A l’échelle du temps, c’est ce qu’il a fallu à l’homme du XXI ème siècle pour détruire deux mille ans d’histoire, et avec elle, des cités qui ont survécu aux Romains, aux abbassides, et aux Ottomans.
Et sortir de là, le cœur tout aussi lourd du poids de l’histoire oubliée, celle d’hier, et celle qui se joue aujourd’hui, à nos portes.
Visite virtuelle de la mosquée Al Nouri
Note IMA : ” A présent, faites quelques pas et… envolez-vous ! Car c’est à un impressionnant survol que vous convient ces « Cités millénaires », grâce à la projection à très grande échelle d’images inédites captées par des drones et reconstituées en 3D par la société Iconem, avec laquelle l’IMA s’est associée pour cette exposition réalisée en partenariat avec l’Unesco.”