Chroniques, Livres

555 – Hélène Gestern

Une mystérieuse partition qui apparaît et qui ébranle le milieu de la musique, et plus particulièrement 5 protagonistes. En quelques mots, voici le pitch de ce roman qui vient d’être auréolé du Grand Prix RTL-Lire (à juste titre).
Si vous décortiquez un peu plus, au-delà de cette enquête qui vous tient en haleine, au-delà de nous faire connaître le clavecin, Scarlatti et ses sonates, ce qui fait sortir ce roman du lot, c’est la délicatesse des mots choisis, la façon de « dire » la musique, de réussir à capter la grâce du son qui peut naître de la main et des fêlures de l’homme.
Voyez par vous-mêmes :
« Ils lui ont légué le capital de souffrance, la fêlure, le manque qui donne à tout artiste la force d’exercer son sacerdoce absurde et magnifique. »
« Cette sonate est un tourbillon émotionnel qui mélange l’exultation, l’apaisement, l’allégresse. La joie qui s’y exprime est pénétrée d’ombres; Dieu sait de quelles douleurs le compositeur a nourri l’or et la lumière qui font vibrer sa musique »

Seul bémol de mon humble point de vue, une fin moins grandiose qu’espéré vu la virtuosité de l’autrice.

Aux éditions Arléa

Rencontres Littéraires

Rencontre littéraire Isabelle Dangy

Soirée de lancement et rencontre avec Isabelle Dangy à la librairie Delamain pour son roman “Les nus d’Hersanghem”, éditions Le Passage : une fiction qui se déroule dans une ville fictive du Nord de la France avec une flopée de personnages hauts en couleurs.

Rencontres Littéraires

Rencontre littéraire Agathe Sanjuan

Soirée de lancement du premier roman d’Agathe Sanjuan “La maison enchantée”, paru aux éditions Les forges de Vulcain, que j’ai eu le plaisir d’interroger sur cette oeuvre mélangeant onirisme, recherche de soi et fantastique.

A la librairie Delamain.

Février 2022

Citations

La littérature, comme toute forme d’art, est l’aveu que la vie ne suffit pas

Fernando Pessoa

Chroniques, Livres

La plus secrète mémoire des hommes – Mohamed Mbougar Sarr

Ce livre est une rencontre. Aucune chronique ne saura rendre fidèlement ce qu’est ce roman, tant il est multiple. Vous l’adorerez ou le damnerez, mais il vous fera quelque chose. Mohamed Mbougar Sarr fait plier la littérature, il la met à ses pieds. Dans son écriture elle semble si facile d’atteinte. Mais ne vous y fiez pas, la littérature finit toujours par gagner.

Il joue avec les temps, les genres, les lieux, et vous livre une réflexion profonde, complexe et d’une évidence pourtant folle. Voyage à l’intérieur du soi et sur les terres sénégalaises, françaises et argentines, la quête d’un écrivain à la recherche du livre essentiel, face à face entre Afrique et Occident, le colon et le colonisé, l’amour et la haine entre ces terres contraires et leur histoire complexe.

D’un talent insolent pour le récit, digressif et à contre-courant, Mohamed Mbougar Sarr s’est-il fait prendre au piège de son propre écrit, lui qui s’est vu décerner le Goncourt alors qu’il fait dire à son narrateur :

« Aucun écrivain Africain établi ici ne l’avouera publiquement. […] mais au fond, cela fait partie des rêves de beaucoup d’entre nous : l’adoubement du milieu littéraire français. C’est notre honte, mais c’est aussi notre gloire fantasmée ; notre servitude et l’illusion empoisonnée de notre élévation symbolique ».

Il nous le dira peut-être. Entretemps, ce livre est une blessure béante où la littérature apparaît comme elle doit l’être réellement : libre et intransigeante.

Bref, une merveille.

Citations

Au commencement est la mélancolie, la mélancolie d’être un homme; l’âme qui saura la regarder jusqu’à son fond et la faire résonner en chacun, cette âme seule sera l’âme d’un écrivain.

Mohamed Mbougar Sarr

Chroniques, Livres

Là où chantent les écrevisses – Delia Owens

Un très beau roman, de ceux qui marquent.

Il raconte Kya, une petite fille des marais dans la Caroline du Nord. Peu à peu, elle voit partir ceux qui sont censés la protéger. Alors dans la misère du monde des adultes, c’est son enfance qui va la sauver. Son regard sur le monde, sur la nature qui l’entoure, sa façon de parler aux êtres vivants et aux cieux, d’y voir les mille couleurs que nous perdons de vue. Elle va s’y construire, elle la sauvage que les gens de la ville raillent ou évitent, elle va compter sur la bonté d’une poignée, découvrir la haine de la multitude.

Et être aimée, puissamment, maladroitement, par la vie et par des yeux à la couleur océan.