Naples m’a planté quelque chose dans le coeur. Instantanément.
« Nous sommes les Africains de l’Europe ». C’est ainsi que les Napolitains se définissent, c’est ainsi qu’ils vous accueillent lorsque vous leur dites que vous avez grandi au Maroc. Et c’est vrai. N’auraient été les filles un peu moins vêtues, ou l’alcool servi dans les rues, je pourrais aisément me croire à Casablanca : Le linge pendant aux fenêtres, la circulation embouteillée, chaotique et sonore de klaxons et de cris à tout va, les grands-mères dont on prend soin, les embrassades à profusion.
Je me sens à l’aise dans ce chaos permanent, dans cette cacophonie de voix, de klaxons et de gestes dans tous les sens. Naples est aussi la ville de mon premier voyage seule, vers l’inconnu, un saut dans le vide, un mince filet pour me retenir au cas où. La ville du lâcher prise. Pour une fois, je n’ai rien programmé, je suis venue chez des gens que je connais à peine, et je les ai laissés m’emporter avec joie dans leur flot, dans leur tourbillon, dans leur recherche de soi et du monde, dans leurs envies d’ici et d’ailleurs, dans leur courage de vivre leurs vies, chercher leurs vérités, dans leurs blessures, leurs faiblesses, et leur générosité sans faille.
Naples, c’est de la musique à chaque coin de rue, des pavés de ruelles qui n’en finissent pas, des bâtisses colorées encore plus spectaculaires une fois que vous en avez dépassé le seuil, des effigies à Jésus et la Vierge Marie dans les endroits les plus improbables, plus d’églises que vous ne pouvez en compter, des litres de café très serré qui se boivent cul sec au comptoir, parfois à 2 heures du matin, agrémenté d’une liqueur. Naples, c’est des criques que vous ne soupçonnez pas, savamment abritées par une nature sauvage. C’est des chants écorchés, rauques, lointains, languis d’amour et de vin.
Naples n’est pas une belle ville au sens propre du terme, elle est plus que cela. Elle est vivante, de mille petits détails qui vous accrochent le regard, de mille saveurs qui vous accrochent le palais. Elle a une âme, chargée d’une histoire millénaire qui se déverse dans les rues, en même temps que son flot humain, tout en couleurs, odeurs, en voix et en chants.
Naples est à la croisée des continents, des civilisations. Naples est à la croisée des chemins.
Naples m’a planté quelque chose dans le coeur. Instantanément.