Il y a dix ans.
J’en avais vingt-quatre. La boucle rebelle et le cœur encore incertain. A vingt-quatre ans, j’étais sauvage, de ce quelque chose qui grondait mais que je savais faire taire à coups de mauvaise conscience et de «étudie, travaille, construis. Tu auras tout le temps pour te poser des questions».
A vingt-quatre ans, on ne sait pas encore à quel point « tout le temps » passe vite.
A vingt-quatre ans, les seules rides qu’on connaît sont celles que créent un sourire sur nos lèvres ou le sillon d’une larme sur nos joues.
A vingt-quatre ans, les matins ont des goûts d’éternité et les nuits taisent les tracas de nos jours.
A vingt-quatre ans, l’insouciance et l’angoisse se tiennent par la main. Nos failles sont infinies, nos vérités féroces et nos certitudes entêtées.
A vingt-quatre ans, on se croit libre de tout serment.
A vingt-quatre ans, le temps est vertige.
A vingt-quatre ans, les passions sont éternelles.
A vingt-quatre ans, on se cherche. On se trouve rarement.
A trente-quatre ans, on se trouve enfin.