Joyeux Noël à ceux qui le fêtent, et joyeux jour-de-décembre-comme-les-autres à ceux qui le le fêtent pas 🙂
Je ne suis pas douée pour les bilans de fin d’année, pour les résolutions d’une autre encore jeune, je ne suis pas douée pour les belles photos sur les réseaux, mon compte Instagram ressemble plus à un maelström de moments, un joyeux bordel aux couleurs improbables. Il me ressemble en vrai. Et il fait son petit bout de chemin.
Tous les bilans contiennent des chiffres mais les chiffres ne sont pas mes amis, ils sont binaires et rigides, abrupts et sans demi-mesure, je leur ai toujours préféré les mots qui me permettent plus de nuances et de palettes.
Alors voilà un petit tour de magie qui transforme les chiffres en mots : cela fait maintenant un peu plus d’UNE année que cette aventure littéraire a commencé, j’ai découvert des livres que je n’aurais jamais lus sinon, rencontré des personnes dont je n’aurais jamais croisé le chemin, eu le grand privilège de mener une rencontre littéraire dans une librairie prestigieuse avec un non moins prestigieux auteur (Merci encore à la Librairie Delamain et Philippe Hayat Auteur pour leur confiance), j’ai découvert un monde si vaste que j’en suis encore sur le seuil. Alors comme tous les mondes, il est vrai, il a ses dérives et ses lois, des côtés obscurs et injustes, cruels parfois, mais il est surtout fait de gens passionnés comme il m’a été rarement donné d’en voir. En cela, je suis honorée de m’être faite une infime place parmi toutes ces personnes de talent et de passion, et je suis fière de pouvoir y participer un peu à travers les réseaux et mon modeste blog culturel.
J’ai lu une bonne QUARANTAINE de romans, participé à autant de rencontres littéraires. Je ne les ai pas tous chroniqués, j’ai eu des coups de cœur et des coups de gueule, j’en ai dévoré certains, j’en ai abandonné d’autres, mais j’ai toujours tenté de partager dans le respect de l’auteur et la totale sincérité de ce que ses lignes m’ont inspirée.
Vous êtes à présent un peu plus de SEPT-CENT sur Facebook et SIX-CENT sur Instagram à suivre mes élucubrations littéraires et artistiques.
Cela n’est pas grand chose mais c’est tout de même le monde pour moi.
De temps en temps, entre deux chroniques, je glisse modestement mes propres mots, car il n’est pas à se leurrer qu’à aimer les mots des autres, on y cherche et on y rêve ceux qu’on pourra un jour partager à notre tour.
Merci à ceux qui m’encouragent, à ceux qui me rendent meilleure aussi, merci pour les messages que je reçois parfois de votre part et qui me font chaud au cœur. Que l’année DEUX MILLE VINGT vous soit aussi douce que l’année DEUX MILLE DIX NEUF a été riche pour moi.
Amitiés, Le Calame
PS : sauras-tu retrouver les chiffres que j’ai subrepticement glissés ?
PS2 : Aux auteurs : pardon si vous ne voyez pas vos titres sur la photo, j’en ai prêté certains, offert d’autres, et lu les derniers sur la liseuse.
Au risque de me prendre une avalanche de houuu houuuu (si je fais mal le son, c’était censé être des huées, pas un hibou qui a la gastro) : bof bof.
C’est distrayant, c’est fade, c’est mignon. C’est surtout à la mode. S’il y a des pages que j’ai réellement aimées, c’est bien celles de la fin, bien pensées et bien écrites, qui pour le coup, m’ont fait ressentir ce qui a fait défaut tout au long de la lecture : le frisson.
Vu l’engouement, vu les avalanches de prix qui lui sont promis, on devrait pouvoir prétendre à de l’excellence. (Non je ne crois pas au père Noël).
Sans offense pour l’auteur dont je ne renie ni le talent ni le travail colossal de recherches, (et je pense qu’elle prend pour toutes les déceptions et incompréhensions passées que j’ai pu avoir en découvrant certaines sélections ou NON sélections), en tant que lectrice, j’aspire simplement à mieux, j’aspire à ce que les livres promis, promus, et mis en avant, soient à la hauteur des ancêtres littéraires, jaspire a ce qu’ils soient un modèle pour la jeune génération à venir.
Que récompense-t-on aujourd’hui dans les prix littéraires ? Où est le style ? Si le style fait défaut, où est l’histoire ?
Parce qu’on surfe sur une vague d’actualité, nous sommes promis à la postérité ? L’actualité n’est-elle pas elle-même par essence passagère ?
J’en oublie de vous parler de l’histoire.
Un couple, une différence d’âge importante, les médias, l’envie et le besoin viscéral de rester au sommet, de protéger les acquis, une histoire ambiguë de sexe (violera, violera pas) et la deuxième moitié du livre pour décrire un procès à la manière d’un documentaire. C’est distrayant (bis), c’est instructif, ça se lit vite et bien.
Mais ça s’arrête là. Goncourt ? Vraiment ?
Regarde, je te montre mon plus beau profil. Et si ça ne te suffit pas, je rajoute des filtres, je filtre à enlever mes taches de rousseur, mes points noirs, je filtre à m’essorer de ce que je suis. Tu sauras tout de moi, je te le promets, tout de mes habitudes (sauf la tête du réveil au matin, faut pas exagérer). Tu sauras tout du moi virtuel, ce double que j’ai créé, qui ne connaît ni l’angoisse ni la peine, celui qui t’offre son plus beau sourire, son plus beau selfie, ce selfie pour lequel j’ai posé mille fois avant de choisir celui que je partage avec toi ce soir, ce selfie où je me reconnais à peine, où je pourrais presque me leurrer moi-même, avec ce sourire fade, ce bonheur surfait, je pourrais presque y croire. A cette vie de rien.
Parce que dans la vraie, de vie, je ne t’aurais probablement pas adressé la parole, mais ici dans ce mode parallèle, j’ai besoin de ton amour. Dans la vraie vie, je n’aurais pas partagé un café avec toi, mais ici, je partage tes humeurs et tes coups de gueule, pour que tu partages les miens en retour. Invite tes amis à m’aimer aussi, je suis prête à payer, quelques euros pour la journée, la semaine ou le mois, amours tarifées que me propose Instagram et auxquelles je veux bien consentir. Que dis-tu ? que je me prostitue pour quelques followers ? Depuis quand payer pour être aimé est un délit ?
Mon monde n’est qu’hashtags et stories, ma vie n’est plus que pixels, des pixels pour remplir le vide, un assemblage bancal que je te fais miroiter. Tout ça pour toi, mon voyeur, mon ami, mon likeur. Mon langage n’est plus que poke, je discute en smiley, je follow dans mes rêves, j’unfollow au petit déjeuner, je dors en me gargarisant du nombre d’abonnés.
Je ne regarde plus autour de moi, ou si, et alors tout est sujet à être photographié, posté, liké, commenté. Je ne vois plus le monde qu’à travers le prisme d’un appareil photo Galaxy S7.
Je n’applaudis plus. Je like.
Alors aime-moi, veux-tu. Car sans ça, je ne sais plus comment exister.
Cela fait quelque fois que j’assiste à des projections de pièces de théâtres au cinéma, filmées directement à la Comédie Française.
Grande idée pour une meilleure accessibilité à une audience plus large (les prix ne sont pas toujours donnés dans l’illustre théâtre et les places sont souvent prises d’assaut des mois à l’avance). Mais voilà, un constat qui devient certitude avec le temps : des cheveux blancs, des têtes blanches partout.
Et une question : pourquoi ? Pourquoi les jeunes, pourquoi la diversité, ne sont-il, n’est-elle, pas plus intéressés par le théâtre ? Ou alors pourquoi ne les intéresse-t- on pas davantage ? J’en conviens, trois heures, c’est long, à l’heure où tout va vite, où l’ennui est un ennemi à combattre, où ne pas consulter son smartphone plus de deux heures crée un syndrome de démangeaison de la main. Je ne blâme pas, c’est long, même pour moi. Est-ce cela ? Ou Molière, Racine et consorts sont-ils devenus ringards ?
Pourtant, en sortant du Misanthrope à l’instant, il n’y a rien qui me frappe autant que l’actualité du sujet, écrit en 1666, encore vrai en 2019. Ringard donc ? Vraiment ?
Dans cette pièce de Molière, Alceste est un jeune homme en colère contre le monde. Il se targue de principes qui ne souffrent aucune tolérance vis-à-vis de l’hypocrisie, quand bien même celle-ci servirait à des causes nobles. Sauf que ses principes de raison se heurtent à l’irraison de l’amour, et bien sûr, ses sentiments n’ont trouvé meilleure destination que la jeune fille la plus fourbe de son entourage. Mais il n’en démord pas et veut changer le monde à lui seul, son monde commençant par Célimène. De désillusion en trahison, nous suivons donc cette opposition et bien sûr, la vérité se trouve, comme toujours, entre les deux.
Des messages, des sujets souvent hautement d’actualité, dont nous aurions tort de nous priver.
Suis-je donc entrain de m’alcesteiser (oui je viens d’inventer le terme), à espérer que le théâtre des anciens et de mes contemporains touche un plus grand nombre ? À ne pas enfermer ce cinéma sur planches à des perruques et des corsets, à maintenir qu’il favorise l’esprit critique et les débats ? Que les vers du 17ème valent les scénarios du 21ème ? Et que surtout, surtout, le théâtre est à la portée de tous ?
J’enlève à présent ma perruque et vous laisse sur ces mots.