Que se passe-t-il dans la tête de ceux qui ont collaboré avec le régime nazi ? Dans la tête de celles qui ont aimé l’Allemand en uniforme, qui lui ont fait un enfant ? Est-ce que l’Histoire fait bien de ne retenir que deux camps pour la mémoire ?
« Vous ne connaissez rien de moi » est l’histoire librement romancée de Simone, celle qu’on appelle « la tondue de Chartres », immortalisée par un célèbre photographe alors qu’elle est jetée à la vindicte populaire lors de la libération. Motivée au départ par l’admiration de la grandeur de l’Allemagne en opposition à la vie misérable que sa famille menait, puis par la faim et le froid, elle se met au service de l’occupant comme interprète. Puis tombe amoureuse d’un officier allemand – libraire, un homme loin des représentations de l’officier du régime d’Hitler.
Et si ce que relate l’autrice de la vie de Simone était vrai ? si elle n’a en fait jamais dénoncé ses voisins mais qu’elle n’a rien fait pour les aider non plus ? Si elle n’avait réellement pas de conscience nationale et que son crime était de travailler pour l’ennemi d’abord par orgueil puis par nécessité, et d’aimer un officier allemand, méritait-elle d’être mutilée, tondue, jetée à la vindicte avec son bébé de trois mois dans les bras ?
Que peut-on pardonner ? Où tracer la ligne de l’explicable ? Doit-elle être tracée d’ailleurs ?
Le sujet est sensible tant l’horreur des crimes nazis est insupportable. Et on referme le livre avec ces questions-là, qu’on voudrait ne pas se poser, ce gris entre les deux camps des bourreaux et des victimes, dans lequel se noie l’histoire de Simone et nos questionnements impossibles.
Sur le style d’écriture : le style argotique censé dépeindre le milieu de basse naissance de la famille est un peu trop forcé, cela rend parfois peu naturel, le livre reste toutefois un page turner.
Lauréat Prix Stanislas.
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