Je porte mes identités en moi comme les nations portent leur histoire. Elles sont ma croix, elles sont ma folie. Elles sont ma plus grande bénédiction. Elles sont mes chaînes et mes libertés.
Je te parlerai en dialecte si tu le souhaites, mais on ne m’a pas appris à parler amazigh, pourtant berceau du pays où je suis née. J’ai côtoyé les grands et les plus pauvres, je sais manger à la main ou avec des couverts d’argent. Tu pourras me voir vêtue d’une robe ou d’un caftan. Je me voilerai la tête en entrant dans une mosquée, et la courberai dans une église. J’ai appris à disserter en français et en arabe, dans une même phrase, je peux mélanger les deux, tu t’en étonnes souvent.
Dans mes gênes coule le soleil, le sable du désert et les gloires amazigh, mais le vent et les montagnes y ont aussi fait leur place. Je porte en moi l’histoire des sultans, des rois, des tribus, mais je me nourris aussi de celle de la renaissance et de la révolution.
Alors de grâce, ne me demande pas de choisir. Un cœur qui choisit est un cœur qui se brise.