Chroniques, Livres

Saturne – Sarah Chiche

Le talent de Sarah Chiche pour l’écriture et le récit ne se dément pas avec ce nouveau roman. Elle vous souffle avec des phrases qui n’ont l’air de rien comme ça, mais qui englobent les vérités les plus simples et les plus déchirantes.

L’écriture pourrait déconcerter par son manque de ponctuation mais elle prend tout son sens ici, tout le roman donnant le sentiment d’avoir été écrit d’une traite, d’un souffle.
Après le fantôme de la mère, Sarah Chiche s’attaque à celui du père, qui plane en filigrane tout au long du récit, ou plutôt qui semble être le point aimanté autour duquel gravite tout le reste.

Et le reste, c’est ce que c’est que d’être un Pied-Noir en Algérie, de devoir s’en aller au plus fort des combats qui ont ensanglanté le pays, reconstruire un semblant de vie en France, ce que c’est que de naître dans une famille aisée qui se déchire autour d’une femme, de grandir dans l’ombre d’un père disparu, dans l’ombre d’une union déchaînée, irraisonnée, folle ; et peut-être plus que tout, ce que c’est que de se construire avec ce qu’on a, ce qu’on n’a pas choisi, de sombrer malgré ce qu’on a, ce qu’on n’a pas choisi.

Et d’en revenir.

Aux Editions du Seuil.