Créations, Texte court

Es-tu là?

Une guitare, quelques accords qui naissent, s’élèvent, puis s’en vont mourir vers les étoiles. La mélodie est si triste, et lui si pâle. Une autre silhouette, plus loin, recroquevillée dans une déférence suprême, entonne une prière muette. Pourtant, je ne les entends pas, je ne les connais pas, et c’est à peine si je les aperçois. Mais ce soir, leur douleur est mienne. Voilées par la nuit noire, des larmes coulent enfin, sans retenue, insouciantes des regards trompés par l’obscurité. Puis, une voix s’élève, déchirée par la douleur. Un cri, un appel, une prière lancée dans le vide pour aller s’éteindre dans un écho lointain. Je frissonne de leurs souffrances. Que pleure l’un? Que pleure l’autre ? Un amour déchu ? Une mère défunte ? Peu importe… Magnanimes, les étoiles elles-mêmes semblent se voiler, afin de laisser l’obscurité envelopper leurs âmes meurtries. Et alors que, dans leurs souffrances, ils crient à leur petitesse, ils n’ont jamais été aussi grands à mes yeux qu’en cette nuit. Parce qu’ils sont eux-mêmes. Parce qu’ils sont libres. Libres d’être des hommes, tout simplement…

Photo by Maksym Kaharlytskyi

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