Par un soir où la terre gronde, colérique et monstrueuse, un de ces soirs où l’homme est rappelé à sa condition d’humain devant l’éternité et la force du monde, la mort emporte un père dans un tourbillon de haine et par là même la voix d’un fils endeuillé. Il n’aura ensuite de cesse de la chercher, sa voix, sa voie, au-delà des désirs d’une mère veuve avant l’heure, rigide avant l’heure, elle qui n’était que légèreté, robes, musique et sons cristallins, au-delà des convenances, pour retrouver celle de son père.
De sa Tunisie natale, ses aubes ensoleillées, son refuge à l’heure où les guerres humaines ravagent l’Europe, à New York où sa musique se révèle et le révèle, le muet, le juif, le Tunisien, le Français, apprendra tant bien que mal à devenir celui qu’il recherchait, à travers les notes de sa clarinette, lui qui ne peut parler mais qui fait parler le monde en solfège.
Un très beau roman de Philippe Hayat, qui signe après « Momo des halles » un retour qui, j’en suis certaine, fera beaucoup d’émules avec « Où bat le cœur du monde ».
Sans conteste un coup de cœur de la rentrée littéraire 2019.