Ce livre est une rencontre. Aucune chronique ne saura rendre fidèlement ce qu’est ce roman, tant il est multiple. Vous l’adorerez ou le damnerez, mais il vous fera quelque chose. Mohamed Mbougar Sarr fait plier la littérature, il la met à ses pieds. Dans son écriture elle semble si facile d’atteinte. Mais ne vous y fiez pas, la littérature finit toujours par gagner.
Il joue avec les temps, les genres, les lieux, et vous livre une réflexion profonde, complexe et d’une évidence pourtant folle. Voyage à l’intérieur du soi et sur les terres sénégalaises, françaises et argentines, la quête d’un écrivain à la recherche du livre essentiel, face à face entre Afrique et Occident, le colon et le colonisé, l’amour et la haine entre ces terres contraires et leur histoire complexe.
« Aucun écrivain Africain établi ici ne l’avouera publiquement. […] mais au fond, cela fait partie des rêves de beaucoup d’entre nous : l’adoubement du milieu littéraire français. C’est notre honte, mais c’est aussi notre gloire fantasmée ; notre servitude et l’illusion empoisonnée de notre élévation symbolique ».
Il nous le dira peut-être. Entretemps, ce livre est une blessure béante où la littérature apparaît comme elle doit l’être réellement : libre et intransigeante.
Bref, une merveille.